Technologie

La voix de Dark Vador de James Earl Jones perdure grâce à l’IA. Des acteurs de doublage voient à la fois promesse et péril dans cette technologie.

Au cours d’une carrière d’acteur qui a duré plus de six décennies, la voix de James Earl Jones est devenue un élément indélébile de son travail en tant qu’interprète. De ses rôles sur grand écran, où il a donné vie à un écrivain reclus dans « Le champ des rêves » et à un roi hautain d’un pays fictif dans « Un prince à New York », à ses performances primées sur scène, Jones a su captiver les spectateurs. Son travail en tant que doubleur – la dignité royale de son interprétation de Mufasa dans « Le Roi Lion » et le timbre menaçant et profond qu’il prêtait à Dark Vador dans « Star Wars » – a contribué à cimenter sa place en tant qu’acteur légendaire auprès de générations de fans.

Cependant, suite à son décès, un aspect de la carrière de Jones a fait surface : son consentement à l’utilisation de l’intelligence artificielle pour reproduire sa performance en tant que Dark Vador après qu’il se soit retiré du rôle. Skywalker Sound et la société ukrainienne Respeecher ont utilisé l’IA pour recréer le méchant joué par Jones dans la série « Obi-Wan Kenobi » sur Disney+ en 2022. Cette utilisation soulève des inquiétudes parmi les acteurs de doublage, craignant que l’IA puisse réduire ou éliminer les opportunités d’emploi en reproduisant une performance sans leur consentement.

Certains voient la décision de Jones de permettre à l’IA de reproduire sa voix comme une opportunité de poser les bases de contrats d’IA transparents qui compensent équitablement un acteur pour sa performance avec consentement. Cette avancée pourrait contribuer à une meilleure rétribution pour les acteurs et à une reconnaissance de leur travail. Cependant, les acteurs de jeux vidéo à Hollywood ont récemment fait grève en raison des protections insuffisantes liées à l’IA dans les négociations contractuelles.

Le débat soulevé par l’utilisation de l’IA en matière de doublage met en lumière les enjeux artistiques et éthiques liés à cette technologie. Certains craignent que cette utilisation réduise l’originalité dans l’interprétation et prive les nouveaux acteurs de l’opportunité d’apporter leur propre touche à un rôle. Néanmoins, d’autres estiment que ces outils pourraient être utilisés de manière judicieuse pour prendre des décisions artistiques réfléchies et équitables.

En fin de compte, la décision de James Earl Jones d’autoriser l’utilisation de son image de marque pour la performance de Dark Vador pourrait servir d’exemple pour la négociation de contrats justes avec les acteurs. Il appartient à l’industrie du divertissement de trouver un équilibre entre l’utilisation de l’IA pour des besoins pratiques et la préservation de l’art et de la créativité dans le domaine du doublage. Il est crucial de réfléchir à la manière dont nous voulons façonner l’avenir de l’art et du divertissement : humain et riche en diversité, ou uniforme et fade.